Avez-vous déjà vu le film de Carl Theodor Dreyer "Gertrud" ?
Bon ok, il faut vous replonger juste en 1964 dans l'atmosphère d'un film danois noir et blanc. Oubliez les effets spéciaux ou autres, "Gertrud" est un film dans le "tout intérieur".
Voilà l'histoire en deux mots:
Gertrud, ancienne chanteuse lyrique, souhaite quitter son mari, qui va devenir ministre, afin de vivre sa passion pleinement avec un jeune pianiste. Malheureusement, ce dernier (infâme) ne l'aime pas et se moque même d'elle après leur unique nuit d'amour.
Avertie de ces calmonies par un ancien amour, Gertrud se sépare de son pianiste pour partir à Paris avec un ami. Finalement, elle terminera sa vie seule et heureuse en province.
Je vous donne vraiment les grandes lignes de l'affaire.
Au début, en voyant le visage ravagée de déprime de Gertrud (+ un silence terrible dans le film) même dans le plus grand élan de son amour, je me suis dit "Madré de Dios, on est en automne, je devrais regarder plutôt Le gendarme et les gendarmettes !!". Surtout qu'à l'époque au Danemark, je peux vous dire que les robes de ces dames étaient plutôt du genre je-t-étouffe-le-cou et je-te-scinde-les-poignets. C'était pas folichon folichon.
Et finalement, je me suis prise au jeu.
J'ai eu le sentiment qu'on n'était plus en 1964 mais en 2009. Déjà à cette époque C.T Dreyer dressait un tableau de l'insatisfaction chronique de la nenette névrosée en puissance.
Bien sûr, le seul homme qu'elle veut ne l'aime pas. Le mariage apparaît comme la mort à petit feu, l'homme qui ne comprend rien à rien, le travail dévoreur, la recherche de la notoriété, la solitude, tout ceci dans une narration à peine feutrée dans des teintes sublimes de noir et de gris.
"Aimer c'est vraiment un bien grand mot. Tu aimes tant de choses. Tu aimes le pouvoir. Tu aimes l'honneur. Tu aimes toi-même, tu aimes ton intelligence ainsi que tes livres et tes cigares. Je suis sure que tu m'as aimé de temps à autres (…) Tu penses à ton travail. C'est pire que de l'indifférence, c'est un manque de sensibilité. (…) Il est dans la nature de l'homme de travailler, de créer mais cela ne doit pas lui faire oublier sa femme. L'homme avec qui je veux vivre doit m'appartenir entièrement (…) La femme qui pourrait te rendre fou n'existe pas (...) Il y a eu quelque chose entre nous qui ressemblait à de l'amour."
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